04/03/2022

De l’importance de la revalorisation du savoir agricole empirique

La notion de révolution agricole ne bénéficie pas d’une définition standardisée. Si l’on se fie à l’acceptation productiviste, est qualifiée de « révolution » toute modification significative des systèmes agraires permettant d’augmenter la productivité et/ou le rendement agricole(s). Cette « école » reconnaît donc une révolution agricole néolithique (transition des tribus de chasseurs-cueilleurs vers des communautés d’agriculteurs), antique, médiévale, industrielle, etc.

Pour d’autres, le monde n’a connu qu’une seule révolution agricole (néolithique), l’industrialisation et l’innovation technologique ne représentant que des facettes techniques d’un paradigme agricole originel encore intact. C’est par exemple le postulat que développent le chercheur Claude Laberge dans son livre « La Deuxième Révolution agricole » et l’historien Pierre Chaunu. Quel que soit le prisme d’analyse, toutes les révolutions agricoles ont été exclusivement productivistes et ont recherché l’augmentation des rendements au détriment de l’environnement. Elles ont été alimentées par un savoir technique et industriel qui ne se soucie pas de l’aval et du temps long. C’est pourquoi la révolution agricole que nous vivons aujourd’hui a quelque chose de prodigieux.

 

Au centre de cette équation à deux variables, l’agriculteur

Trop longtemps, mus par l’enjeu de la survie alimentaire puis par la loi de l’offre et de la demande, les Hommes ont avancé le postulat de la terre nourricière à la fertilité virtuellement infinie. A mesure que la démographie devenait exponentielle, l’agriculture est devenue intensive, les pesticides sur-sollicités. Au cours des 40 dernières années, notre planète aurait ainsi perdu un tiers de ses terres cultivables à cause de l’érosion et de la pollution (source). Face à une prise de conscience collective, portée par un effort de sensibilisation, une plus grande diffusion du savoir (démocratisation des NTIC) et une certaine volonté politique (EGalim), nous sommes à l’aube d’une autre révolution agricole que l’on qualifiera de bidimensionnelle.

  • Oui, l’enjeu de la sécurité alimentaire reste pressant si l’on se positionne dans un contexte mondial, à fortiori avec la poursuite de la croissance démographique dans les pays du Sud.
  • Il s’accompagne toutefois, et c’est ici la nouveauté, d’une contrainte majeure : la planète n’est pas une notion abstraite. C’est un bien consommable… que l’on a usé plus que de raison.

En somme, la révolution agricole que nous vivons devra s’employer à trouver une réponse à la problématique suivante : comment mieux nourrir les Hommes (santé) dans la durée (durabilité) ? Au centre de cette équation à deux variables, l’agriculteur, le producteur, l’artisan : celui qui sait.

Le savoir empirique de l’agriculteur : point de départ de l’innovation vertueuse

Dans les pays développés, l’alimentation, et donc l’agriculture, ont été connectées à la loi de l’offre et de la demande. Pour beaucoup, ce lien historique qui régit l’essentiel de nos modèles économiques ne saurait être contesté. C’est pourquoi le point de départ de cette révolution repose sur le savoir pour agir d’abord sur la demande, puis sur l’offre :

  • Le savoir autour des enjeux climatiques et écologiques est de plus en plus diffusé. En revanche, il manque un maillon à la chaîne. L’assiette n’est pas encore liée à son amont agricole dans la conscience collective. Le consommateur doit être sensibilisé au fait que chaque aliment consommé affiche un historique agricole et un bilan carbone. Cet effort impose de trancher avec l’approche pédagogique dite « paysagère » de l’agriculture qui a prévalu dans les manuels scolaires. Ce n’est qu’à la fin des années 2000 que les contraintes environnementales y ont été intégrées.
  • Le savoir lié à l’innovation pour des pratiques agricoles vertueuses. L’agriculture de précision, qui fait appel aux capteurs, au Machine Learning, à l’Intelligence Artificielle et à l’innovation agronomique (meilleure résistance aux ravageurs, mauvaises herbes et agents pathogènes) doit faire l’objet de programmes de formation à la pointe, avec des débouchés attractifs pour attirer les jeunes talents. Ici, le savoir scientifique se complète par le savoir empirique (agriculteur).

Là encore, l’agriculteur reste au centre de cette valorisation du savoir. D’ailleurs, il l’est depuis au moins deux décennies. L’agriculteur a en effet répondu présent pour s’informatiser et partager les données de son action pour des raisons de traçabilité et de sécurité sanitaire, ainsi que pour les déclarations de type PAC. Pour piloter la rentabilité de leurs exploitations, certains agriculteurs ont même investi dans des systèmes de monitoring technico-économiques. Aujourd’hui, il s’agira de valoriser le savoir de l’agriculteur qui constitue un « input » pour le Machine Learning. Objectif : produire une connaissance de type « agriculture prédictive » pour réduire l’incertitude qui découle du travail sur le vivant, végétal comme animal.
Ensuite, la valorisation de cette Data agricole devra profiter à l’autre bout de la chaîne, avec un affichage transparent et visible dans les rayons des magasins ainsi que les établissements de restauration pour retisser un lien (indirect) entre l’agriculteur et le consom’acteur. « Le succès des applications telles que Yuka nous démontre, s’il en était besoin, l’importance pour le consommateur de se réassurer sur les ingrédients, la provenance des aliments, leur impact carbone, les techniques de production, les labels de qualité… », explique David Barthe, Directeur général de la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, dans une interview accordée à Survey Mag.

d’aucy : l’Humain au cœur du modèle coopératif

Durable, solidaire et mettant l’Humain au cœur de son organisation, le modèle coopératif apporte des réponses pertinentes à l’enjeu de l’agriculture durable depuis plusieurs décennies. Chez d’aucy, ce sont 1500 agriculteurs-coopérateurs qui rationalisent leur prise de décision démocratique (1 Homme = 1 Voix) par leur savoir et leur savoir-faire. L’ensemble de nos producteurs sont intéressés économiquement dans la logique de développement durable et vertueux de la coopérative. Cette dernière représente enfin un environnement stimulant où l’on échange les bonnes pratiques et partage les expériences pour faire pousser des légumes de qualité et outiller les professionnels de la restauration.

 

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