Derrière ses airs d’ersatz d’artichaut un peu naïf, un peu timide, le pâtisson cache une carte nutritionnelle que l’on ne soupçonne pas ! Gorgé de potassium, très riche en provitamine A ou bêta-carotène, il contient également de la vitamine C et B9, du manganèse et des antioxydants, ce qui fait de cette petite courge bordée de dentelures un bel allié de votre système nerveux, de vos fonctions musculaires et de votre vision nocturne ! On l’aime en gratin avec une pincée de noix de muscade ou cru, quand il est jeune avec une peau de bébé, assaisonné d’huile d’olive et de citron. Au-delà de ses atouts nutritionnels, le pâtisson concentre une espèce d’insouciance, une ode à la bonne humeur, une convivialité certaine que n’ont pas ses cousins potiron et potimarron. Subjectif ? Pas vraiment. Pour les baby-boomers et, à moindre mesure, la génération X, le pâtisson, légume d’été, est synonyme de vacances scolaires, de bains de soleil et de repas conviviaux en famille, à fortiori s’ils ont grandi dans le Midi, sa région de prédilection.
C’est l’un des premiers légumes dont l’Homme a maîtrisé la culture, aux confins du Mexique. « Il faut attendre le retour des expéditions vers le Nouveau Monde, à la fin du XVe siècle pour voir l’introduction de ces courges en Europe », raconte Blaise Leclerc, auteur de Mes courges, melons, pâtissons… Des cucurbitacées à cultiver et à cuisiner (éd. Terre Vivante). Sur le Vieux Continent, c’est en Espagne qu’il élira domicile, grâce à Christophe Colomb qui en mettra dans son galion. A son arrivée sur la presqu’île ibérique, le pâtisson fera d’abord office d’objet de décoration.
C’est une valeur sûre de la cuisine plaisir, celle qui procure des émotions, de la nostalgie. En maison de retraite ou en EHPAD, où les chefs cherchent ce lien affectif avec les convives pour améliorer leur appétit, le pâtisson va replonger les résidents dans les souvenirs de leur jeunesse. A Nîmes, l’EHPAD La Camargue propose par exemple des rencontres intergénérationnelles avec les élèves de l’école René Char autour de la Grande Guerre, mais expliquée, une fois n’est pas coutume, par les pratiques alimentaires de l’époque, à travers les légumes oubliés.
Et pourquoi pas en guise de dessert en restauration scolaire ? Sablé, cookie, cake… des possibilités infinies pour faire découvrir aux enfants cette nouvelle saveur de manière originale et ludique.
Cuire au four les graines du pâtisson agrémenté d’épices et les utiliser en topping dans une salade. Craquant et carrément anti-gaspi.