24/01/2022

Produire Bio : une démarche engagée

L’agriculture biologique est un mode de production où les pratiques culturales et d’élevage sont soucieuses des équilibres naturels, de l’environnement mais également de la santé des Hommes et des animaux. Sa mise en œuvre est contraignante car elle exclut notamment l’usage des produits chimiques de synthèse, les OGM et limite l’emploi d’intrants. Les bénéfices qu’elle apporte sont nombreux et les consommateurs y sont de plus en plus sensibles.

Reconnue et définie depuis le début du 20ème siècle, l‘agriculture biologique ne s’est organisée à l’échelle mondiale que depuis 1972 et a été reconnue par le Codex Alimentarius (1) depuis 1999. L’appellation « Biologique » et son abréviation Bio est protégée légalement par une certification et des labels officiels bien connus des consommateurs puisque 98% des Français connaissent la marque AB (Agriculture Biologique) et 65% le logo bio européen (2).
Aujourd’hui, un agriculteur ou un éleveur qui se convertit à l’agriculture biologique, doit s’investir et s’engager dans une démarche vertueuse qui coûte cher. Il doit se former, se renseigner et transformer ses habitudes. Mais face aux bénéfices que lui-même et toute la société peuvent en tirer, ils sont de plus en plus nombreux à entamer une conversion.

Pour les accompagner, le programme Ambition Bio 2022, doté de 1,1 milliard d’euros, a installé des aides nationales mais également des accompagnements spécifiques pour les projets individuels et collectifs. Car l’objectif est ambitieux puisqu’il vise 15% de surface agricole française cultivée en bio à l’horizon 2022, soit quasiment le double de ce que l’hexagone compte actuellement (2,3 millions ha engagés en production biologique soit 8,5 % du territoire agricole français). En 2019, la France comptait 47 196 producteurs bio avec environ 325 000 exploitations.

 

L’agriculteur ou l’éleveur bio face à de nombreuses contraintes

Produire bio passe d’abord par une phase de transition appelée conversion. Durant cette période, le producteur travaille selon la réglementation bio mais les produits ne peuvent pas être commercialisés en bio. Pour les productions végétales par exemple, la durée de conversion varie de 2 ans (cultures annuelles et prairies) à 3 ans (cultures pérennes : vignes et vergers). Pour les productions animales, elle varie de 6 semaines (poules pondeuses) à 12 mois (équidés et bovins).
La réglementation qui s’applique actuellement dans toute l’Union Européenne est composée de deux textes :

Certaines productions ne sont pas couvertes par le règlement européen et dans ce cas c’est le cahier des charges français qui s’applique en complément des dispositions européennes.
Tous les opérateurs œuvrant sur la chaîne de l’agriculture biologique (du champ à l’assiette) doivent respecter le règlement européen en vigueur car ils sont contrôlés par des organismes certificateurs (OC) agréés par l’Institut National de l’Origine et de la qualité (INAO).

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En résumé, les principales contraintes imposées par la réglementation sont :

  • Pas de pesticides ni d’engrais chimiques de synthèse
  • Pas d’OGM
  • 60% de l’alimentation des ruminants et 20 % de l’alimentation des monogastriques (porc, volaille…) doivent être bio et produites sur la ferme elle-même ou si cela n’est pas possible, en coopération avec des fermes biologiques voisines.
  • Interdiction d’avoir recours aux facteurs de croissance et d’acides aminés de synthèse. Les matières premières autorisées sont définies dans une liste restreinte.
  • Interdiction d’utiliser des médicaments vétérinaires chimiques de synthèse (hors vaccins) ou d’antibiotiques à des fins de traitements préventifs. En curatif, le nombre maximum de traitements annuels autorisés (hors antiparasitaires) est de 3 pour les bovins et de 1 pour les porcs et volailles, sous la responsabilité d’un médecin vétérinaire.
  • La quantité totale d’effluents ne doit pas dépasser 170 kg d’azote par an/hectare de SAU (Superficie Agricole Utilisée).
  • La vie et la fertilité naturelle des sols sont préservées et augmentées par différentes techniques agronomiques.
  • Le nouveau règlement bio européen (règlement d’exécution UE 2020/464) et l’application de ses principales dispositions dès le 1er janvier 2021 durcit encore les contraintes. La filière volaille est particulièrement concernée avec notamment, une alimentation 100% AB à partir du 1er janvier 2021 (à l’exception de la ration des jeunes volailles qui pourra conserver 5% d’ingrédients non bio jusqu’au 31/12/2025) et une restriction sur le nombre d’étages dans les bâtiments limitée à 3, sol compris. D’autres dispositions complètent ce nouveau règlement.

Pour vérifier que toutes ces règles sont bien appliquées dans l’exploitation, les producteurs doivent aussi se soumettre à des contrôles dont un systématique chaque année. En marge, peuvent aussi survenir des contrôles inopinés (1 contrôle sur 2). Enfin, si l’organisme certificateur a le moindre doute, il peut aussi engager un contrôle approfondi avec prélèvements, analyses etc.
Et si le producteur n’a pas respecté les règles, il peut perdre son appellation bio pendant au moins un an en fonction des anomalies détectées !

Des producteurs engagés

S’engager dans le bio relève parfois du défi car outre les règles très strictes, les producteurs subissent aussi les aléas climatiques qui parfois ruinent une récolte. Heureusement cet engagement est plutôt vécu comme une aventure positive qui apporte de grandes satisfactions. Les agriculteurs biologiques ont par exemple développé des solutions techniques performantes avec le recours à des thérapies douces (phytothérapie, homéopathie…) pour soigner les animaux, la mise en place de rotations longues qui permettent d’améliorer la fertilité des sols et de maîtriser les bioagresseurs, l’emploi de techniques de désherbage mécanique et de procédures pour développer la biodiversité, des stratégie fourragères pour plus d’autonomie etc. L’agriculture biologique coûte plus cher, ce qui explique son surcoût au niveau des produits finis, mais c’est aussi une formidable bouffée d’oxygène pour l’avenir. Non seulement elle crée de l’activité et des emplois mais elle est indispensable à la préservation de notre environnement et de notre santé.

 

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(1) Codex Alimentarius : programme commun de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

(2) Source : Agence Bio – Spirit Insight – Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France – Edition 2021